Crier et adoucir

25/02/2022
HIER, j’avais envie de crier… NOUS SOMMES TOUS ET TOUTES touché.e.s par la violence d’un seul homme.
AUJOURD’HUI j’aimerais déjà commencer à prendre soin de ce qui est abîmé.
Comment briser la loi du plus fort ou de la plus forte ? Je ne sais pas.
La lâcheté nous amène à tout accepter quand celui ou celle en face est disproportionnellement puissant. Moi, la première. Instant de survie. Cela ne peut plus continuer comme ça…
Je pense que tout le monde a connu à un moment ou un autre comment cela marche l’anéantissement par la peur, sans savoir non plus toujours comment s’y prendre pour l’arrêter.
De mon côté, ce pouvoir absolu, indiscutable et violent, je l’ai rencontré d’abord dans la famille, ensuite dans la cour de recréation, avec certains professeur.e.s. aussi, dans la vie et enfin de moi-même à moi-même. ET JE NE VEUX PLUS DE ça.
Devant l’imposition du plus fort ou de la plus forte j’avais initialement une attitude de révolte et de lutte (qui a souvent et malheureusement empiré d’avantage la situation, jusqu’à risquer ma vie plusieurs fois). La peur installée, j’apprends vite à baisser la tête, à me taire, m’adapter, me soumettre, disparaître, faire semblant… Le camouflage devient un mode de survie.
Cela me conduisait à une mort intérieure qui avait envie de rejoindre la mort tout court. En passant par de multiples faces d’auto violence. Je travaille actuellement sur l’apprentissage de la douceur, vous savez?
La cocotte minute a explosé et cela m’a sauvée. Après avoir pris mes distances j’ai commencé à performer en me redonnant du corps, en laissant exister ce qui est juste pour moi.
Mes premières performances sont un CRI de révolte, et celle-ci littéralement : ORIGINE.
Un besoin de sortir du mutisme et de l’inaction, l’envie de stopper un monstre immense, de briser la chaîne de domination, de faire face à la peur et créer au moins une fissure qui puisse laisser place à une renaissance, à un nouveau départ.
Pendant 10 min. j’ai convoqué dans ma tête et mon corps les expériences vécues, et imaginé les violences vécues par tout autre être vivant. J’ai pensé aussi à ce que moi-même je peux arriver à m’infliger (malgré moi). Après le CRI… j’ai perdu pied quelques instants puis je me suis sentie errante dans l’espace pendant un moment, instable, tâtonnante, comme si je devais réapprendre à marcher, me tenir debout différemment (en dehors de toute carcasse). Je me suis laissée happer ensuite par une œuvre dans la galerie, faite de lumière.
De la plus grande fragilité et vulnérabilité est née avec force un premier CRI de libération.
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Performance réalisée à La Galerie du Montparnasse, en 2015, invitée par Antoine Petel (directeur des Ateliers Beaux-arts de Montparnasse) Brigitte Guy (enseignante) et présentée par Patrick André (Directeur des Ateliers Beaux-Arts de la Ville de Paris)
Camera Jean-Dominique Ferrucci
Improvisation Sonore en live de Damien Serban.
Extraits de la peformance.