La ville à ras du sol #4 paysage intérieur-extérieur
DE LA TERRE (humus) à l’humilité…
Mardi dernier, 22 février 2022, à propos de ma danse-performance-improvisation du mois de février dans la rue, laboratoire expérimental mensuel dehors.
Il y a des grands faits qui nous bousculent, qui nous réveillent d’avantage à la vie, qui nous ramènent à notre pérennité, et qui par conséquence changent (au moins pour un certain temps) notre rapport aux choses qu’on prend pour acquises, dont même le fait d’être vivant. J’oublie d’ailleurs souvent ma mortalité. Et il y a d’autres faits, les tous petits événements, dont on évite de parler et encore moins de diffuser, qui nous ramènent également à la terre avec humilité.
Je vous propose de vous arrêter de lire là si vous êtes sensible de l’estomac ou avez peur de ce qui touche trop à l’intime. Ce n’est pas mon but de déranger ou de choquer personne. Je vous fait confiance, c’est votre choix.
La semaine dernière j’ai souffert péniblement de démangeaisons à l’intérieur et autour de mon anus. Comme je ne m’en sentais pas très fière je me suis dit que cela allait passer, que sûrement c’était la quantité considérable de piquant que j’avais mangé ces derniers temps… (quand j’étais petite je faisais pareil, je fermais déjà les yeux, j’avais bien été formatée à avoir honte de tout ce qui touche à mon cul ou mon sexe) et puis, au sommet de l’inconfort, j’ai découvert un petit vers intestinal d’environ 7 mm de long, tout blanc, qui se tortillait pénardement. Forcément du dégoût (on apprend aussi très petit.e.s à ressentir cela vis à vis des mini bestioles), je ne savais même pas qu’on pouvait choper cela à l’age adulte… et puis donc de la honte arrosée d’un peu de culpabilité, c’était sûrement de ma faute. J’ai été BIEN élevée.
J’ai pourtant l’habitude de voir des affaires qui grouillent dans mon espace de travail, j’aime bien les regarder évoluer. MAIS là… aaaaahhhhhhhh !!!!!! EN MOI, c’est insupportable.… Mes nuits et mes jours colonisés par des images et sensations morbides qui me mettaient contre les cordes. J’aime pas faire du mal, je suis consciente qu’eux ils font juste leur boulot, hélas j’ai pris un vermifuge. Soulagement, puis l’esprit un peu tranquille, je suis aller grouiller moi même, habillée de blanc, dans la terre des travaux du parc Simone Veil, jusqu’à ce qu’un monsieur ait dû décharger un nouveau camion de terre sur l’endroit où j’étais, pour aplatir le tout avec un tracteur. Merci à lui qui a attendu que j’ai fini de travailler également.
Merci à Laurence Lechau que j’ai invitée à venir dessiner last minute et sans lui dire rien du TOUT, je préférais ne pas l’influencer dans son laboratoire à elle. Le jour d’après elle m’envoie ce GIF qui grouille bien… qui rassemble tous les dessins faits sur place. Elle découvrira avec vous l’origine de ma pulsion.
Ce même jour j’ai lu un article sur les vers intestinaux qui disait notamment que les enfants les chopent en jouant dans la terre où se cachent leurs œufs et puis les transportent sous les ongles… le timing était bon, oui, j’ai mangé et respiré de la terre sans le vouloir dans mon aventure… mais heureusement j’étais déjà sous vermifuge ! J’ai dansé avec eux, fait une dernière fête avec eux. Je n’ai plus envie de retoucher la terre tout de suite.
Le mot humilité (du mot latin humilitas dérivé de humus, signifiant « terre ») est généralement considéré comme un trait de caractère d’un individu qui se voit de façon réaliste.
(wikipedia)
vidéo: la main qui danse
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