Performance Galerie Peyre
Cette performance n’a pas encore de titre…
et pourtant elle me tenait bien à cœur. Deux événements en sont a l’origine :
Le 31 décembre 2021, vers 18h du soir une voiture sort du brouillard, à toute allure, et me collisionne. Je traversais, pénarde, sur un passage piétons pour aller chercher ma fille au centre aéré.
Elle n’était pas encore là quand j’ai regardé, elle ne m’a pas non plus vu. Nous nous sommes rentrées dedans l’une à l’autre. J’ai vu la FIN de face, au moment de l’impact. Mon corps très endolori, rien de cassé, seulement une rétraction de l’épaule droite, selon mon ostéopathe, qui me dit que j’ai eu beaucoup de chance. Elle aussi a eu de la chance, je lui réponds, elle a juste perdu le rétroviseur gauche. Nous pouvons toutes les deux bouger à nouveaux. Là où tout aurait pu s’arrêter, il y a un nouveau départ.
Cette dernière année aussi, je suis allée visiter une tante qui venais de décéder d’un cancer. Elle était dans son lit, dans son salon… Je ne pouvais pas arrêter de la regarder, elle était méconnaissable (je n’avais pas pu lui rendre visite à cause du covid pendant sa dernière année.) J’imaginais qu’elle bougeait, légèrement, presque imperceptiblement… et si elle pouvait bouger encore une fois, juste un doigt, juste une main, quelques secondes de plus ? Puis quelques jours plus tard l’émotion de l’approcher une dernière fois pour lui déposer le dessin d’une fleur rouge sur elle, parmi d’autres personnes qui lui déposaient d’autres fleurs et des adieux.
J’ai créé un dispositif où je suis allongée par terre immobile, les yeux fermés, comme inerte, et autour les gens viennent m’apporter et poser sur moi des formes organiques sèches, noires, comme des fleurs mortes (on peut imaginer ce que l’on veut, c’est abstrait). J’ai pu ressentir l’attention avec laquelle les gens bougent autour et déposent délicatement ces petites choses sur moi. Touchant à vivre. Je m’imaginais avoir perdu toutes mes pétales, que la fleur était morte, et que ces objets seraient comme si on m’offrait quelques pétales supplémentaires, quelques minutes supplémentaires de vie. Je bougerais autant qu’il en resterait encore un sur moi. TOUT s’arrêterait définitivement une fois le dernier tombé. Voilà l’expérience.
(oui, le deuxième événement, pour ceux/celles qui me suivent, avait aussi inspiré le début de la pièce « una flor ou le son d’une main » qui est devenu la pièce « Slow times, low freqs ou le son d’une main » en collaboration avec la musique d’ Elsa Biston. Pièce que nous allons rejouer Vendredi 28 janvier 2022 au Théâtre Aleph à Ivry sur Seine. 20:30)
https://www.facebook.com/events/1084773818963308?ref=newsfeed
La performance s’est déroulée à la Galerie Pascal Peyre, le 17 janvier, lors de l’exposition TouT uN TaS De CuRioSiTéS , eTC. pour fêter l’anniversaire de la naissance de l’art date choisie par FILLIOU Robert. Également pendant la soirée Pascale Ciapp,@Ææ Æ Ææ, Max Horde, Georges Cazenove.
Commissaires d’expo Max Horde, Georges Cazenove, Jean Racamier, Pierre Tilman.
Exposition jusqu’au 27 février.
(j’y présente ma collection de « vulves »)
photos. Ææ Æ Ææ, Sylvie Mir mir et Laurence Lechau.